mardi 14 juillet 2015

Auto-édition : Avant l'édition, l'ÉCRITURE

Cela semble une évidence, une sorte de grossier pléonasme aux gros sabots. Et pourtant...

Je m'adresse là aux casse-cou qui s'imaginent qu'il suffit de balancer quelques chapitres, quelques idées en vrac, ou recopier un max de citations pour faire un joli Ebook bien emballé et faire rentrer des sous en vendant de la daube.
Également aux nouveaux auteurs qui pensent tenir l'idée du siècle, écrivent les choses comme elles viennent en pensant déjà à l'excitation de Spielberg qui ne manquera pas d'en faire un film, et publient à la va-vite des textes parfois assez grossiers.
Et pour finir, aux simples lecteurs qui ne réalisent pas forcément l'ampleur du travail que représente l'écriture d'un livre, à plus forte raison un roman.

Dans cette partie, nous parlerons du texte à proprement parler. Du fond, bien entendu, mais aussi de la forme qui est absolument cruciale dans la réussite d'un projet d'auto-édition. D'autant que c'est souvent là que le bât blesse (expérience vécue !).



L'ÉCRITURE :


Pour faire simple, l'écriture d'un roman est différente chez chaque auteur. Certains œuvrent comme des orfèvres minutieux, d'autres comme des artistes frénétiques, il y a des passionnés, ou des pragmatiques comme moi. Bref, il y en a pour tous les goûts, ce qui fait la richesse du monde du livre.

Mais tous les auteurs ont un point commun ; ils développent un texte à partir d'une idée. 

L'une des principales difficultés de l'auto-édition est le manque de recul. Qui sommes nous, en tant qu'individu, pour dire d'une idée qu'elle est bonne ou non ? Il arrive parfois que chacun d'entre nous pense à un concept, aie une sorte de flash d'imagination, une image, en se disant "ah ouais ce serait bien ça". Mais l'erreur est de partir dans la rédaction d'un roman sans prendre le temps de la réflexion.
Est-ce une bonne idée ? Peut-on la développer ? Est-ce une base suffisamment solide pour une histoire ? Est-ce du déjà-vu ? Etc... etc....

Bien entendu, chacun est libre de conserver jalousement son trait de génie, de penser détenir un futur best-seller et de se lancer immédiatement dans la rédaction. Mais je recommande plus que vivement d'échanger à propos de vos idées avec d'autres personnes. Cela peut-être votre entourage, d'autres auteurs (non nous ne pensons pas à voler les idées des autres, enfin j'espère...), à des lecteurs avisés comme par exemple des blogueurs littéraires. Dans ce dernier exemple, vous aurez affaire à des personnes souvent ouvertes et agréables (je vous l'assure) mais aussi et surtout à des personnes compétentes en la matière. Les lecteurs-blogueurs lisent parfois plus de cent livres par an. Autant dire qu'ils ont un sacré vécu et une solide expérience qui vous fait probablement défaut en tant qu'auteur.
Appuyez vous sur ces personnes, à condition de les respecter et de nouer des liens avec eux. Et le meilleur moyen est de visiter leurs blogs. Lisez leurs avis, participez via les commentaires à leurs articles, nouez le dialogue. A partir de ce que ces personnes disent des livres, cela vous aidera énormément à vous faire une image de ce que votre idée vaut.
Et si par chance, vous avez dans votre entourage ce genre de personnes, n'hésitez pas à lui demander son avis ! Il n'y a rien de difficile à vous tourner vers une personne qui fait partie de votre entourage, et de lui demander "J'ai une idée de roman, je pense parler de ceci, et aussi de cela, mais à travers une histoire de ça... Qu'en pense-tu ?"
Attention, j'insiste bien sur le fait qu'il ne faut pas croire que tous les gens sont à votre disposition et qu'il ne faut en aucun cas spammer ou abuser du temps de passionnés.

Tout cela pour dire que l'échange est primordial pour ne pas foncer droit dans le mur. Une personne objective et fiable n'hésitera pas à vous dire si votre idée de base est un peu légère, ou si il y a déjà plusieurs livres qui racontent ce genre d'histoires. Cela vous aidera clairement à affiner votre projet.


Une fois votre projet mis sur les bons rails, vient la phase d'écriture. À ce niveau là, je n'ai pas vraiment de conseil à vous donner. À chacun de trouver sa voie et son style, et de mener à bien l'écriture de son roman.
Il n'y a qu'une chose que je vous recommande chaudement : ne vous dispersez pas.
Emporté par un élan, par les idées parfois très bonnes qui viennent, il se peut que votre histoire évolue. Mais si au final vous vous éloignez trop de votre objectif et perdez le contrôle (et la cohérence), votre texte y perdrait en qualité. Mon conseil d'écriture est de travailler en amont, avant l'écriture, en réfléchissant dès le départ à une sorte de plan détaillé.
Une fois le squelette de votre texte établi, vous aurez une trame solide. Si une idée supplémentaire vient, reprenez un temps de réflexion, prenez votre squelette, et réfléchissez à un moyen d'intégrer cette idée de façon à ce qu'elle apporte une réelle valeur ajoutée à l'histoire.




LA RELECTURE :

Intimement lié à la réflexion avant-écriture dont je viens de vous parler, la relecture est un élément incontournable de l'auto-édition. J'oserai même dire que là, nous sommes en plein cœur du problème.

Dans l'édition traditionnelle, si votre manuscrit a retenu l'attention d'un éditeur, il subira une phase PROFESSIONNELLE de relecture. C'est à dire que des personnes tout à fait qualifiées liront votre texte avec un œil particulièrement critique et aiguisé, pour en repérer toutes les failles. De l'incohérence à la gestion du temps, en passant par le style lui-même. Sans oublier la grammaire, conjugaison, orthographe, stylistique, concordance des temps.... Les relectures professionnelles n'hésitent même pas à faire ce que redoutent beaucoup d'auteurs auto-édités : du débroussaillage massif de texte.

Imaginez-vous la scène : une institutrice sévère ressemblant à s'y méprendre à Dolores Ombrage se penche sur votre copie, stylo rouge à la main, et annote en rouspétant. "A virer." "Inutile". "Passage trop lourd". "Nom du personnage pas crédible". "Scène peu cohérente". "Redondance". etc etc

Je caricature bien entendu (pardon aux relecteurs pros), mais l'idée est là. Avoir quelqu'un de totalement objectif qui n'hésitera pas à faire supprimer des parties entières du texte pour son bien.
C'est A-B-S-O-L-U-M-E-N-T indispensable !

On ne peut pas publier un texte brut, car il contient inévitablement des erreurs. Même les plus grands auteurs ne publient pas un roman sans avoir demandé un avis extérieur. Il faut un recul que l'auteur n'a pas.

Et le souci pour un auteur auto-édité, c'est qu'il est seul. Il devra relire son propre texte, le retravailler, et ne pas hésiter à l'amputer du superflu. C'est extrêmement difficile. Ne serait-ce que par attachement à ce qui est un peu votre bébé. "Ah non, je peux pas... j'aime vraiment cette scène."

Il faut impérativement que l'auteur indépendant s'acquitte de cette tâche capitale, et pour cela vient l'une des plus grosse difficultés offertes par cette merveilleuse (et cynique) aventure: trouver des relecteurs.
Si vous avez les moyens, vous pourrez engager des professionnels. Sinon, il faudra trouver dans votre entourage des personnes qui ont la capacité à lire un texte et à le décortiquer.
Autant vous dire qu'il est inutile de donner le texte à votre môman ou votre conjoint(e), qui vous dira 9 fois sur 10 que c'est très bon et qu'il n'y a rien à changer. Il faut trouver des durs, des vrais, des relecteurs qui ont des .... pardon. Bref, vous avez compris l'idée: trouver des personnes compétentes et totalement objectives.

En ce qui me concerne, j'ai eu beaucoup de chance. Mon premier relecteur n'est autre que mon meilleur ami (comme c'est mignoooon) qui est aussi journaliste et auteur, ayant notamment rédigé la Postface de "ZONE: Chroniques d'un dernier jour". C'est son domaine que d'être objectif, et son cursus inspire confiance. Il y a bien entendu d'autres relecteurs, rencontrés par exemple sur des forums d'écriture comme Meredith ou encore Lullaby. Des personnes se destinant à cet univers de l'écriture qui ont un bagage suffisant pour savoir discerner le bon grain de l'ivraie. A cela s'ajoutent un groupe de lecteurs "lambda" qui ont servi de cobayes (c'est moche hein?) piochés dans des catégories d'âge très différentes (jeune homme, jeune femme, retraité, employé actif, femme au foyer... etc etc).

A partir de là, on obtient un véritable avis objectif qui aide énormément à modifier des passages entiers du texte. A titre d'exemple, dans la rédaction de mon second roman "Résilience", j'ai du sur conseil de mes relecteurs supprimer des passages, voire un chapitre entier qui était superflu. De même, le premier tiers du roman manquait de punch et sa courbe d'intérêt débutait son crescendo trop tard. Sur leurs conseils, j'ai donc développé l'histoire pour y ajouter davantage de mystère et de suspens. Sans cette relecture, le roman (qui n'est déjà pas parfait) aurait eu de sérieuses lacunes (et je le dit en toute humilité).

Une piste pour la relecture : il existe certains blogueurs(ses) littéraires qui sont ouverts à la lecture de manuscrits. Si vous avez la chance de bénéficier de leur aide pour une relecture, je peux vous affirmer que vous ne le regretterez pas tant leur expérience est essentielle. Après tout, c'est leur hobby que de critiquer !




LA CORRECTION : 

Je regarde cet article depuis le début, et j'avoue que c'est un joli morceau... assez peu optimiste je l'avoue. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises. Car une fois que vous avez écrit un texte, qu'il a été relu et retravaillé, vient la phase que vous attendez tous : la correction.

On ne s'imagine pas forcément l'ampleur du travaille que cela représente. Souvent, on se dit "oh c'est bon, je suis plutôt doué en français, je ne ferait pas trop de fautes. Et puis il y a le correcteur d'orthographe de word !". GROSSE ERREUR.



Tout auteur fait des erreurs. Il y a bien entendu la fameuse faute de frappe, l'inversion ou l'oubli de lettres, visibles tout de suite avec le correcteur word qui souligne en rouge vos boulettes. Mais il y a aussi les vicieuses, comme le phrase qui semble cohérente, qui passe à l'as comme celle que vous venez de lire. Vous ne voyez pas ? J'ai écrit "le phrase". Et le correcteur ne l'a absolument pas vu car "le" existe dans la langue française. Oups. Il y a aussi le souci des presque homonymes à une lettre près (une ferme, fermer. Par exemple) ou encore les masculin-féminin (le, la ... grand, grande...). Huuuuuum tu la sent la cédille oubliée sur tous les "ca" écrits sur les 378 pages de ton texte ???? (pardon).
Et toutes ces petites coquilles se glissent comme des gremlins dans tous nos textes.
A cela s'ajoutent nos erreurs de grammaire, de ponctuation, de typographie...

Je précise "nos" car je ne suis pas exempt de tout reproche. Mes deux romans publiés comportent encore des coquilles, ce qui est parfois noté dans les critiques. Et cela en dépit de plusieurs corrections successives. Mea culpa. Et pourtant...

Voici l'un des fléaux de l'auto-édition. Les auteurs indépendants ne peuvent pas (sauf en payant) avoir recours à des correcteurs professionnels capables de corriger à 100% un texte. Il faut faire soi-même la relecture.
Pour cela, il existe un certain nombre d'outils vraiment utiles, dont je vous parle dans l'article suivant. (cliquez ici).

En plus de ce type de correction informatique, l'intervention humaine reste indispensable. Comme pour les relecteurs, il vous faudra trouver dans votre entourage des personnes plus que douées en matière de correction, capables de vous faire ce travail bénévolement.
Ai-je vraiment besoin de vous préciser que la correction de texte est un véritable métier, qui occupe des personnes à temps plein et nécessite une réelle expertise ?
Cela ne s'improvise pas.

Pour tout vous dire, moi même diplômé de lettres, ayant fait appel à des amis tout aussi diplômés, ainsi qu'à une jeune correctrice qui m'a impressionné par son œil de lynx en matière d'orthographe, je relève encore des erreurs dans mes romans.

CHANCE : en auto-édition, vous bénéficiez d'un avantage énorme sur l'édition traditionnelle. Car tout n'est pas noir chez les indépendants. Dans le cas de l'auto-édition par impression à la demande, vous avez la main. S'il reste des coquilles, vous pouvez à tout moment les corriger ! Il suffit de les voir, et de bloquer les ventes pendant quelques heures, le temps de corriger votre texte d'origine. Et ça c'est un avantage énorme. Un auteur édité traditionnellement ne pourra pas corriger son texte une fois publié.
En revanche, dans le cadre d'une auto-édition totale, dans laquelle l'auteur indépendant fait imprimer un stock (ex: 100 exemplaires), il ne pourra effectuer la correction qu'à la seconde vague d'impression. Disons donc que ces premiers exemplaires seront "collector".





AU FINAL, une fois toutes ces étapes passées, l'auteur indépendant s'accorde le droit de souffler. Écrire est une passion, un véritable plaisir. J'adore ça et je ne suis pas le seul. Mais il ne faut pas croire que cela suffit. Il y a un travail absolument énorme derrière qui mobilise plusieurs pros dans l'édition traditionnelle, que l'auteur devra assumer. J'imagine que vous commencez à comprendre pourquoi je définis l'autoédition comme une aventure ? Eh bien nous allons maintenant voguer vers de nouveaux horizons, dans une troisième partie.


Retrouvez la suite de ce dossier sur l'auto-édition en cliquant sur le lien suivant :





2 commentaires :

  1. J'aime beaucoup cet article, il me sert autant pour un billet que je veux publier, que pour mon mari. Ses romans sont finis. Mais il faut faire la relecture (il a du mal à se motiver) et la correction, pour la relecture je lui ai déjà dit ce qu'il faut enlever mais pour le reste, je ne peux décemment pas lui dire quoi écrire à la place, et tant qu'il n'a pas passé cette étape, j'avoue ne pas être motivée à le corriger. Donc nous sommes bloqués pour le moment ^^ Je vais lui faire lire votre article et sans doute tout le dossier quand vous l'aurez fini !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci. N'hésitez pas, cet article sert justement à cela ! Je sais qu'il sera utile a celles et ceux qui doutent ou hésitent parfois, ne sachant pas trop comment s'y prendre.
      Si je peux aujourd'hui faire ce dossier, c'est grâce à mes propres erreurs et aux difficultés que j'ai rencontrées.
      Ce dossier prendra un peu de temps à être finalisé, du fait qu'il comporte en tout onze parties.

      Supprimer